Question: Bonjour Dre Arseneault, vous avez parlé de vos travaux sur l’étude de l’interaction des microorganismes dans le sol. Avez-vous déjà observé des interactions positives? si oui lesquelles ?
Dre. Tanya Arseneault: Le projet que j’ai
présenté était complété à mi-chemin lorsque les fermetures de
laboratoires, dû à la pandémie, ont eu lieues. Étant donné la grande
quantité d’échantillons de sol (plusieurs centaines par été) nous
n’avons pas encore complété le séquençage mais avons isolé presque tout
l’ADN nécessaire. Les analyses d’interactions sont à venir!
Question: Le professeur Ngonkeu semble avoir une approche très appliquée au niveau de ses recherches ainsi qu’un contact direct avec les agriculteurs de son pays. J’imagine que Agriculture et Agroalimentaire Canada possède un programme pour appliquer le résultat de vos recherches aux cultures agricoles du Québec. Savez-vous comment ce processus est mis en place ? À quel point les chercheurs d’Agriculture et Agroalimentaire Canada sont-ils impliqués dans ce processus ?
Dre. Tanya Arseneault: Nous avons tout un
département avec des employé(e)s dédié(e)s au transfert des
connaissances et de la technologie qui travaillent avec les chercheurs
qui développent des technologies pouvant être commercialisables. Nous
avons également un bureau de la propriété intellectuelle pour gérer le
partage de nouvelles connaissances et de développement et s’assurer que
le tout progresse dans le meilleur intérêt des canadiens et canadiennes.
Je vous invite à consulter le site suivant pour d’avantage d’information
: https://www.agr.gc.ca/fra/collaboration-scientifique-en-agriculture/transfert-et-licences-de-technologie-agriculture/?id=1196968351190.
Le contact des chercheurs avec les producteurs reste un lien privilégié
pour être à l’affût de leurs besoins et problématiques et la plupart des
chercheurs maintiennent un contact soutenu avec les producteurs, club
conseils, et collègues du gouvernement provincial locaux. Leur apport
est crucial pour le développement de projets à l’échelle locale mais
aussi pour déterminer les priorités ministérielles d’Agriculture et
Agroalimentaire Canada à l’échelle du pays
Question: J’aimerais savoir si la méthode de culture appelée “agriculture de précision” tient compte des paramètres climatiques ? si oui, comment est-elle appliquée ? Et j’aimerais aussi savoir si cette méthode pourrait être appliquée à la production à grande échelle. En outre, les performances des plantes en matière d’absorption de nutriments varient en fonction des cultivars… cela est-il également pris en compte?
Dre. Tanya Arseneault: L’agriculture de
précision est un vaste domaine de recherche et s’adapte constamment aux
nouvelles technologies et connaissances pour mieux adapter les pratiques
agricoles (fertilisation, eau, applications de lutte contre les
parasites, etc.) à une plus petite échelle et réduire autant que
possible l’approche “taille unique”. Elle peut prendre en compte un
grand nombre d’informations selon les équipements disponibles et les
modèles développés, et oui elle varie beaucoup selon la culture
cultivée, la zone climatique et le type de sol. Je vous encourage à lire
les publications de la revue Precision Agriculture pour des informations
plus détaillées sur ce qui est actuellement étudié dans ce domaine de
recherche : https://www.springer.com/journal/11119. Il existe
également une société internationale
d’agriculture de précision.
Question: J’aimerais savoir quels sont les cinq types de biofertilisants utilisés au Cameroun s’il vous plait?
Dr. Eddy Ngonkeu: Alors, nous avons développé
des biofertilisants pour faire face aux différentes contraintes de
production. Contraintes biotiques et abiotiques: biopestices,
biofertilisants des sols acides, biofertilisants des sols non acides,
biofertilisants des sols salins, biofertilisants des zones arides,
biofertilisants des sols riches (volcaniques), biofertilisants des
milieux aquatiques (exemple riz irrigué), etc.
Question: Aujourd’hui on se pose assez de questions sur les stratégies africaines de gestion du COVID-19. Vous avez présenté certains travaux sur la gestion du COVID. En quoi consiste ces stratégies?
Dr. Eddy Ngonkeu:
Question: N’est-il pas adéquat pour chaque type de sol donné ou écosystème de développer les biofortifiants ou biofertilisant avec des ressources endogènes ? Considérant la spécificité environnementale des organismes ou microorganismes et la cohabitation des espèces dans un environnement.
Dr. Eddy Ngonkeu: Nous produisons des
biofertilisants spécifiques à certains écosystèmes et des
biofertilisants généralistes
Question: Les souches de champignons AMF utilisées au champ comme biostimulants sont-elles des souches indigènes à chaque terrain agricole ? N’y a t-il pas à long terme des problèmes écologiques qui pourraient découler de l’introduction d’espèces étrangères dans les agrosystèmes ? Quelle est la pérennité des résultats obtenus par une telle introduction dans les agrosystèmes ?
Dr. Eddy Ngonkeu: Les souches de champignons
utilisés pour produire des biofertilisants sont issues des sols du
Cameroun provenant des 5 zones agro écologiques. A notre actif, plus de
1200 isolats sont conservés dans notre banque de ressources génétiques.
Moins de 10% de ce potentiel sont exploités à ce jour. Il s’agit des
souches à spécificité large, à spécificité écologique et des souches
généralistes. Aucun problème d’ordre écologique n’a encore été signalé à
ce jour. La forte compétitivité des souches introduites est le mécanisme
simple de correction de la mauvaise productivité des sols. Ces souches
introduites font partie d’un système qui s’auto entretien pour une
production pérenne si en retour il n’y a pas eu application de fongicide
ou de feu de brousse dans le milieu.
Question: J’aimerais savoir si la méthode de culture appelée “agriculture de précision” tient compte des paramètres climatiques ? si oui, comment est-elle appliquée ? Et j’aimerais aussi savoir si cette méthode pourrait être appliquée à la production à grande échelle. En outre, les performances des plantes en matière d’absorption de nutriments varient en fonction des cultivars… cela est-il également pris en compte ?
Dr. Eddy Ngonkeu: Non, nous ne prenons pas en
compte les paramètres climatiques. Le processus est le même dans nos
cinq zones agroécologiques, la méthode est adaptée à la production à
grande échelle. Oui. Pour la production de maïs par exemple, l’engrais
recommandé est le NPK 201010 ou d’autres. Selon cette méthode, les
caractéristiques chimiques et physiques du sol sont prises en compte
pour équilibrer la quantité de chaque élément nutritif. Pour cela, un
bulletin technique est disponible pour chaque spéculation.
Question: Pour garantir la sécurité alimentaire (suffisance et sécurité), une production de masse est nécessaire. Comment la recherche menée par votre unité de recherche est-elle liée aux autres défis agricoles que nous avons au Cameroun comme l’insuffisance d’irrigation. Quelles sont vos synergies entre les différentes unités nécessaires pour un développement agricole durable ?
Dr. Eddy Ngonkeu: La valeur de la chaîne
agricole est le point faible de notre unité de recherche. Nous ne
maîtrisons que la production de semences et la production à petite
échelle. 98% de nos petits agriculteurs ne disposaient pas de système
d’irrigation, de transformation, de petite mécanisation, de séchage, de
stockage ou de marquage. Si ces aspects ne sont pas disponibles,
l’agriculture durable n’existe pas.
Question: J’ai un petit problème avec l’affirmation “l’agroindustrie tue à pas de géant”. Sans agroindustrie, comment conservez-vous vos différentes cultures alors?
Dr. Eddy Ngonkeu: J’entends par agro-industrie: une agriculture industrielle, synonyme d’emploi massif d’intrants chimiques pour une production en quantité. Ce système de production a des conséquences sur le microbiome du sol. Nous avons très récemment détecté plus de 8 résidus chimiques dans les produits maraîchers, comme la tomate. Ces tomates sont bon marché (bien conservé, pas de pourriture etc.), ce qui affecte notre propre microbiome et en conséquence affecte notre santé. Vous savez, la vie fait le sol et le sol fait la vie. Mon expression triste est de ne plus dire bon appétit à table mais bonne chance dans ce contexte de production.